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Lettre au président de la République

Publié le 15 Juin 2017

Bonjour,

Vous trouverez ci-dessous un exemple particulier dont vous pouvez vous inspirer librement pour interpeller les pouvoirs publics sur l'accroissement inquiétant de l'emprise du catholicisme romain papal sur les démocraties du monde en général et sur la démocratie française en particulier.

Bien à vous

Les adventistes anonymes de France

Monsieur le Président,

Le Centre catholique des médias rapporte [fin mai 2017, NDLR] que la basilique du Latran vous a invité à prendre le titre de chanoine d'honneur de cette basilique avec tous les titres qui y sont rattachés.

En tant qu'électeur de tendance protestante, très attaché au principe de la laïcité et de la liberté de conscience, permettez-moi de vous dire, sans vouloir en rien entraver vos convictions personnelles éventuelles, que je suis très choqué de la survivance de cette tradition fondamentalement anti-démocratique et antirépublicaine.

D'abord sur le plan de l'intégrité territoriale, il devrait être très clair que ni l'abbaye de Clairac ni aucune autre propriété de l'Église en France ne sont des « annexes » ou des « ambassades » du Vatican mais bien des parties intégrantes du sol français. Le Vatican, institution religieuse, est devenu «État» (sic) par les accidents de l'histoire tourmentée du XXe siècle : c’est une anomalie qu’il convient de rappeler et de considérer comme telle.

Ensuite, sur le plan idéologique, il devrait être très clair qu'un État comme la France, attaché à la liberté de religion et à la liberté de ne pas croire, liberté qui seule donne du sens à la foi, ne devrait pas donner le moindre signal de soumission, même symbolique, à une puissance mille fois meurtrière, intolérante et persécutrice comme l'a été et le sera encore l'Église de Rome. À titre d'exemple relativement récent, citons ici les propos officiels, insupportables, du pape Pie IX, dans son encyclique du 15 août 1854 : « Les doctrines absurdes, erronées ou extravagantes favorables à la liberté de conscience sont une erreur pestilentielle, une peste des plus redoutables pour un État. » Le même pape, dans son encyclique du 8 décembre 1864, anathématise « ceux qui réclament la liberté de conscience et de culte », ainsi que « ceux qui dénient à l’Église le droit de se servir de la force ».

Enfin, sur un plan protocolaire, il serait vraiment méprisable de votre part de vous soumettre, en tant que représentant de la République inspirée par les idéaux des Lumières, à une tradition imposée par une institution responsable de tant de maux sur la Terre. Si vous lui cédez un pouce de terrain, inspiré par une volonté diplomatique louable en elle-même, Dieu seul sait jusqu’où elle vous emmènera, loin de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. Toute l’histoire de l’Europe occidentale le démontre, hélas. Il n’est pas dans votre rôle, vous le savez mieux que moi, d’inviter, même indirectement par votre exemple, vos concitoyens à croire en telle ou telle religion, comme l’a fait un de vos pitoyables prédécesseurs dans cette fonction présidentielle, il n’y a pas si longtemps.

Aussi, Monsieur le Président, eu égard à la charge symbolique dont vous êtes investi par le suffrage universel, je vous conjure de ne cédez en rien à cette tradition romaine ni à aucune autre demande de reconnaissance symbolique du même ordre, de quelque religion qu’elle vienne. Nous attendons de vous que vous fassiez respecter la liberté religieuse, de tous les chrétiens, romains ou non, des juifs et des musulmans, sans prendre parti pour personne et dans le respect de l’ordre public.

Je vous remercie de m’avoir lu et, au cas où ce message vous parvienne effectivement, je vous prie de m’excuser pour avoir donné une fausse identité. Cependant, au vu des cruautés indicibles que mes ancêtres les Protestants de France ont subies dans les siècles passés, par la volonté de Rome, vous comprendrez que je préfère garder l’anonymat, pour ma sécurité personnelle et celle de ma famille.

N'oubliez jamais qu'un bon catholique romain est d'abord un citoyen de Rome AVANT d'être un citoyen français.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes respectueuses salutations.

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